Cioran a plusieurs fois fait état d'extases où, paraît-il, le plongeaient les Variations Goldberg. Il s'exprimait en général comme si ces extases lui avaient été procurées par la totalité du morceau, mais dans une note de ses Cahiers en date du 4 avril 1969, il semble plus sincère :
"Le début des Variations Goldberg n'a aucune relation avec l'ici-bas; c'est vraiment le souvenir d'un autre monde. Ce qui vient après participe en grande partie de l'exercice. Mais le commencement !" (Cahiers 1957-1972, p. 706)
Ce "début" (scolairement appelé "commencement" un peu plus loin pour éviter une répétition de mot), je suppose que c'est le thème, vu que dans une autre note (p. 688), c'est dans le début et la fin que Cioran perçoit le souvenir d'un autre monde et que, justement, le thème est répété à la fin.
Donc il n'y a vraiment que le thème qui lui procure des extases, le reste c'est "de l'exercice". Et je rappelle que selon Geiringer, il n'est pas sûr que le thème soit de Bach...
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