Backhaus est né le 26 Mars 1884, soit un siècle et cinq jours avant moi. C'est toujours important de faire une accroche intéressante, n'est-ce pas?
En 1895, il a rencontré Brahms, deux ans avant la mort de celui-ci. En 1905, il a remporté le 1er prix du concours Anton Rubinstein de Paris, le 2e étant Bela Bartok.
Allemand de naissance (il est né à Leipzig, son père était semble-t-il un architecte important), il devient suisse en 1930 et s'inscrit dans la grande lignée de musiciens s'installant à Lugano...
Il a été le premier à enregistrer l'intégrale des études de Chopin, en 1928. Et peut-être le 4e ou 5e a enregistrer les 32 sonates de Beethoven, je ne sais pas (du moins si l'on prend le projet au début, en 1953... il s'est achevé en 1969!). 1969, c'est aussi l'année de sa mort, le 5 Juillet à Villach (Autriche), alors qu'il y avait donné un concert le 28 Juin.
Les 30 et 31 Mai 1955, et les 14-18 Avril 1967, il enregistrait avec Karl Böhm et les Wiener respectivement le 27e Concerto de Mozart et le 2e de Brahms. Ces prises à très juste titre légendaires constitue le seul disque de Backhaus à être couramment disponible neuf dans les bacs, puisqu'il est passé en "Decca Legends" et je suppose bientôt en The Originals - si ce n'est déjà fait.
C'est l'un des plus beaux disques concertants que je connaise, si ce n'est le plus beau. Tout est simple, tout est juste, tout est d'une immense humilité, faite de sagesse et de tendresse.
Il reste encore relativement facile de trouver son intégrale Beethoven, soit dans cette collectionsoit celle-là:
C'est pour l'instant celle que je préfère, avant Gulda I et II, Barenboim I, Brendel, Kovacevich, Kempff (ce n'est pas un classement, juste une liste, et d'eux je n'ai pas forcément entendu les 32 sonates mais au moins la moitié. J'y reviens toujours en ce moment. Il y a comme dans toute intégrale des sonates de Beethoven , des numéros qui vont plus loin que d'autres, mais pour ne pas m'étendre je n'en citerais que trois: la 15e opus 28 (Pastorale), qui va au delà du sublime. Et deux sonates pour lesquelles j'ai une immense affection: la 24e opus 78 (A Thérèse) et la 25e opus 79. Surtout l'opus 79. Car l'opus 78, j'en ai la sublime et déchirante version de Serkin que je place juste avant Backhaus. Mais Serkin n'a pas fait l'opus 79, donc Backhaus le remplace...
Cela paraît moins facile pour trouver les concertos et les Diabelli, que je cherche toujours!
En revanche, je ne peux que vous souhaiter de trouver ce coffret qui est celui dont je parlais au dîner MQCD, qui reprend le 2e concerto déjà mentionné, et des extraits des pièces 116-119 (tous les 118) d'une hauteur de vue vertigineuse et d'une sincérité désarmante.
De lui, je connais également un Empereur avec Schuricht et la Radio Suisse-Italienne, techniquement imparfait mais d'une vie sans pareille. Hélas, c'est (c'était) chez Ermitage, un disque d'exception avec aussi la 40e de Mozart et une électrisante ouverture des Hébrides...
A noter, une discographie ici.
On y apprend qu'il reste une somme considérable de LP qui soit n'ont jamais existés en CD, soit ont existé mais ont disparu du catalogue (européen du moins). C'est un crève-coeur de lire cette liste.
J'espère que vous nous ferez découvrir des raretés et nous donnerez des pistes pour dégotter d'autres pépites laissées par ce géant tout simple, le seul pianiste peut-être en dehors de Rudolf Serkin dont le jeu fait immédiatement, et à chaque fois ressentir l'humilité de l'homme à la fois amoureux et respectueux de ce que lui offre le compositeur à jouer. Ce qui est la seule vraie grandeur d'un interprète.