Avec la SWR, 2e Concerto de Brahms, 6e de Bruckner. J'y serai, et vous?
Sinon, personne n'est allé se risquer à entendre du Ludwig von Pletnev hier?
Avec la SWR, 2e Concerto de Brahms, 6e de Bruckner. J'y serai, et vous?
Sinon, personne n'est allé se risquer à entendre du Ludwig von Pletnev hier?
Je crois que pour Pletnev, le cas est assez désespéré. On écrira peut-être un "cas Pletnev" dans cent ans... En attendant, le concert hier soir du Choeur Accentus dans le Requiem de Fauré (version originale de 1893!!!) était tout bonnement... paradisiaque. Personne n'y était non plus?
Etait-ce la crainte de voir douze altos solis sur la scène et un seul violon?
Je me sens un peu seul du forum aux concerts en ce moment! Chung, Aimard, Demarquette, Norrington...
Si comme moi vous pensiez que Norrington dans Bruckner ce serait un spectacle comique, mauvaise pioche.
Ce n'était pas le bon plan d'être invité hier, en tous cas...http://classiqueinfo.com/spip.php?article123
Je ne sais pas, comme je le dis dans le papier, cela reste provisoirement un mystère pour moi.
Je vois deux catégories de solutions:
1. Indépendamment du senza vibrato et de ce qu'on peut en penser a priori (et j'avais les mêmes a priori, quelques fois confirmés en concert), il y a peut-être des affinités que Norrington a développé plus que d'autres. Peut-être que dans Tchaikowsky ou même Mahler cela relève un peu de la posture ("je peux même le faire dans Tchaikowsky, héhé"), peut-être que dans Bruckner il a une affinité réelle et a envie au fond de faire sonner cette musique "naturellement". C'est possible, pour quelqu'un qui vient quand même de Schütz...
2. Pour ce qui est du senza vibrato et de la sonorité générale, peut-être que le disque et à plus forte raison la télévision ne rendent pas justice à cet orchestre avec Norrington, et qu'll faut vraiment les voir en concert.
Mais ce ne sont que des hypothèses. Je crois que de toutes façons tout le monde dans l'orchestre hier avait le sentiment d'avoir fait mieux que d'ordinaire...
Bonjour,
j'étais samedi soir à Pleyel et je ne le regrette pas.
J'ai trouvé que dans le concerto de Brahms, l'orchestre ne chantait vraiment pas assez, surtout dans les passages où la musique s'envole. En revanche très beaux mouvement lent avec des superbes pianissimi. Angelich était magistral. Quel était son bis (un morceau de Brahms sans doute, mais lequel) ?
La 6e de Bruckner convenait à mon avis mieux à l'optique de Norrington. C'était le contraire d'un Bruckner quasi-religieux, mais réussi dans le genre.
Ce qui m'a beaucoup plu, c'était l'excellence de l'orchestre: grande concentration, solistes impeccables, ça sentait vraiment le travail de longue haleine avec le chef.
Jürgen
[quote=Vincent H;19534]Je crois que pour Pletnev, le cas est assez désespéré. On écrira peut-être un "cas Pletnev" dans cent ans... quote]
Voilà un musicien qui prend des risques interprétatifs et qui les assume. Bien plus intéressant que Gergiev, bien plus !
Au moins, avec lui, on ne s'emmerde pas.
Très critiquable mais passionnant.
Bonjour à tous,
Comme Théo et Jürgen, j'ai assisté samedi soir à un TRES grand concert.
Tout d'abord sur la "question Norrington", j'ai un jugement beaucoup plus nuancé que certains sur ce site. J'aime beaucoup son intégrale des symphonies de Beethoven, vive et dynamique, beaucoup moins son intégrale des symphonies de Schumann dont le discours est par trop haché. Mais ce chef a incontestablement quelque chose à dire et l'entendre pour la première fois en concert était une curiosité peu risquée quand on connaît les qualités du SWR de Stuttgart et du soliste Angelich.
Peu de lyrisme dans le concerto de Brahms, une vision analytique qui fait ressortir les différents pupitres de l'orchestre, aidée en cela par une disposition audacieuse avec les contrebasses à la place des cuivres et ces derniers derrière les seconds violons et altos afin de répondre en écho aux cors disposés derrière les premiers violons et violoncelles. Novation intéressante également, la surrélévation du timbalier au fond à droite de l'orchestre. Cette disposition a été particulièrement pertinente dans le Scherzo, avec des bois qui ressortaient bien par rapport au timbalier, de fait éloigné.
Formidable Angelich, au ton souvent péremptoire ou lunaire (cadence), bien aidé par un Norrington qui n'a pas cherché, loin de là, à couvrir le soliste. Le bis très recueilli était également un régal. Quel contraste avec la démarche pataude d'Angelich !
Mais le sommet du concert a bien été cette 6e symphonie de Bruckner.
Des cordes sans vibrato comme l'a souligné Théo (au fait, pourquoi emploies-tu le "nous" dans ton compte-rendu ?) surprennent bien davantage que dans le concerto, en donnant une lisibilité parfaite aux différents pupitres des cordes. Mais surtout Norrington n'hésite pas à ralentir le tempo dans les passages pastoraux -par exemple- ou le réaccélérer avant les tutti, sans jamais distendre le discours musical. Tous ces "effets" rendent la lecture surprenante et passionnante pour quelqu'un qui connait la symphonie par coeur. Norrington sait créer une attente, mobiliser son auditoire. Les toux étaient à cet égard peu nombreuses, ce qui indique assez bien le degré de concentration atteint par le public.
Adagio déroutant, avec un refus de tout épanchement, toujours pour fouiller davantage la partition et lui donner un regard beaucoup moins linéaire. De fait, ce mouvement est moins émouvant que d'autres versions entendues (Haitink/Amsterdam notamment). Mais quel plaisir d'avoir la sensation de redécouvrir cette symphonie à chaque nouveau phrasé ! Les dernières notes sont comme suspendues, interminables, moment splendide.
Le scherzo m'a en revanche un peu déçu, en raison notamment d'un tempo assez lent. Peut-être que la concentration demandée par les audaces de Norrington dans l'adagio m'a empêché de ressentir pleinement l'exutoire que constitue ce scherzo parmi les plus réussis de Bruckner.
Le début du Finale est en contraste rapidissime, mais j'avoue avoir apprécié cette interprétation vigoureuse. Quel plaisir là encore de voir le goguenard Norrington se balancer de gauche à droite vers les cors puis les cuivres afin de les inviter à se répondre en écho !
On est loin du Bruckner panthéiste défendu par Célibidache, j'ai parfois pensé aux interprétations allégées de Skrowaczewski (Radio de Sarrebruck).
Tout à fait d'accord avec toi Jurgen. Norrington dispose d'un orchestre de tout premier plan, particulièrement remarquable pour la discipline d'ensemble qui permet à la vision du chef d'être respectée de bout en bout - ce qui en fait toute sa saveur.
Florent
Dernière modification par Mikal ; 21/04/2008 à 20h28.
Oui, je n'ai pas mentionné cet intermezzo dans mon compte-rendu, car cela n'avait pas grand sens vu que je n'ai pas assisté au concerto. Mais on m'a permis de rentrer en fond d'orchestre pour ce bis, et cela m'a fait forte impression.
Du reste, j'ai pu échanger une minute avec Angelich après le concert: c'est un type d'une exquise gentillesse. Il enregistrera le 2e pour l'an prochain.
Mikal, j'ai écouté Haitink/Amsterdam l'après-midi avant le concert, très belle version bien sûr. Mais j'ai été davantage ému par l'adgio de Norrington le soir!! Cela ne veut pas dire grand chose, bien sûr.
Le "nous"... Richard préfère, moi je m'en fous (enfin presque, c'est fastidieux à écrire parfois), donc...
Sur la disposition de l'orchestre, comme je le soulignais, c'est peu usité mais pas totalement exotique. Kleiber le faisait, d'autres aussi mais je ne veux pas dire de bêtise.
Vous avez raison de souligner l'augmentation de l'écartement des cors d'une part, des trompettes et trombones de l'autre. Dans le finale par exemple, il y avait un bel exemple de ce que cela crée comme dialogue ressenti comme tel par les instrumentistes.
Les contrebasses au milieu, alignées, c'est cohérent et même rendu nécessaire par la disposition des violons. On met les V1 et V2 en vis-à-vis, donc les altos et surtout les violoncelles dans l'axe. Donc les contrebasses renforcent logiquement les basses de cette façon.
Dernier intérêt: sur certains passages (mais ce n'est pas dans la 6e que c'est le plus parlant), c'est beaucoup mieux d'avoir une diposition séparant les voix des V1 et V2. C'est dommage que l'on ne fasse pas cela pour la 9e de façon systématique, car sur le second thème cela changerait tout!
Vincent m'avait objecté d'après son expérience de violoniste d'orchestre que le problème est que l'on préfère toujours placer les V2 àcôté des V1 sinon ils ne disciplinent pas, et c'est plus facile pour le chef et le konzertmeister de les garder sous contrôle.
Cette disposition nécessite évidemment d'avoir d'excellents chefs d'attaques aux seconds violons, mais si c'est le cas, le gain pour le chef est considérable, puisque ce sont les deux pupitres de violons qui se prennent en main, et de façon autonome. Donc il peut se concentrer à fond sur la dimension globale, et sur les voix intermédiaires et l'harmonie. Le rêve, quoi.
Là-dessus, Norrington ne fait que suivre assez scrupuleusement les indications de Bruckner. Si l'on pense aux mêmes passages pastoraux, Bruckner indique de ralentir (il y a une indication assez singulière d'ailleurs, mais je ne sais plus laquelle), et comme très souvent il introduit les grandes réexpositions en tutti fortissimo par un accelerando très long et progressif pour faire brutalement revenir au tempo initial sur la réexpo proprement dite.
Le truc, c'est que les chefs respectent généralement cette logique dans le I de la 9e parce qu'elle est particulièrement évidente tant la réussite formelle est éclatante, mais pas toujours ailleurs, et c'est regrettable...
Sinon, pour les sourcilleux, j'ai édité mon papier car la référence explicative au finale de la 4e n'était guère précise, ma partition étant à Lille, or je suis rentré à Lille.
Dernière modification par Theo B ; 22/04/2008 à 01h46.
Et sinon, Guillaume, tu y était aussi, donc. Vas-tu faire passer la cote de Norrington de 100% à 75%?
Franchement, entre les snobs qui se pâment en écoutant Wozzeck et les thuriféraires de Sir Norrington, mon coeur balance...voilà bien un "faiseur" professionnel, quand il ne joue pas les pitres, prisonnier de "son" système, spécialiste du gadget, du détail inusité, de la sècheresse, de l'aigrelet, du prosaïque...le pire souvenir que je garde de lui...est une 3° de Bruckner massacrée...et pourtant c'était Vienne (d'ailleurs, il ne l'ont plus invité depuis, du moins me semble-t'il). J'ai déjà parlé d'une 8° de Beethoven avec le London Philharmonic : dans la catégorie "je bats la mesure" et je "bricole", Sir Roger y était insurpassable (quoique Jacobs ou Minko dans Mozart, c'est du même tonneau). Comment pouvait-on aussi mal faire sonner un orchestre (épais, opaque...)? Effet de mode (mon petit doigt m'a en revanche dit que Pletnev resterait...ne serait-ce que pour deux ou trois disques de piano absolument visionnaires).
Didier
Carlo Maria, ton petit doigt parle juste. Et même comme chef...
Alain
Didier, tu t'imagines bien que je me fous surpuissamment des modes. Tiens, tu veux vraiment savoir pourquoi j'ai demandé à couvrir ce concert? Avant, j'avais demandé à couvrir Pletnev, car après l'ouragan critique sur ses Beetboven, je voulais juger sur pièce. Quand j'ai vu qu'il y avait Norrington le lendemain, je me suis dit: "soyons fou, si Pletnev est vraiment si calamiteux, autant aller jusqu'au bout".
Finalement, on n'a pas eu d'invit pour Pletnev, et on n'en aurait pas eu pour Norrington si la SWR ne nous avait pas convié le jour même. Franchement, j'y suis allé en pur touriste. Au lieu de prendre la ligne 1, j'ai joué comme un gosse à me faire peur en expérimentant la possibilité d'arriver juste à l'heure en prenant 3 bus différents (et puis, il faisait beau, j'avais pas franchement envie d'aller à Pleyel). Résultat, je me suis fait prendre dans le lot des invités recalés de la première partie. Mais bref: je ne prenais vraiment pas "ça" au sérieux, moi qui comme tu le sais adore Bruckner, et adore Bruckner entre autres alla Giulini, alla Karajan, etc...
J'ai été surpris, à 100, 200%, c'est tout. Comme un de mes messages en atteste, je n'ai croisé bizarrement personne que je connaissais à l'entracte, même pas Guillaume qui, pourtant devait bien fumer aussi. Je n'ai eu absolument aucun avis de quiconque pour écrire mon papier ensuite. Je ne le dis pas pour dire "je me suis fait un bon avis tout seul", je le dis pour montrer qu'aucun enthousiasme collectivement monté de toutes pièces (phénomène étrange mais réel) n'est arrivé jusqu'à moi.
J'ai beaucoup aimé cette 6e, et je constate que 2 autres personnes habituées des concerts symphoniques, dont au moins une il me semble n'est certainement pas une fana de Minko ou Jacobs dans Mozart, on eu la même impression.
Tout cela fait un certain nombre de raisons objectives de croire que ce concert était très bon. Après, Norrington peut sortir 40 disques épouvantables, ce concert là reste très bon, parfois la vie est curieuse.
En fait: je ne crois pas qu'il y ait un seul "thuriféraire de Norrington" sur cette discussion... si?
Bonsoir,
Je connais trop mal cette 6ème de Bruckner pour pouvoir juger de ce qu'en a fait Norrington. Je l'ai pourtant réécoutée par Klemperer l'après-midi et je dois dire que l'émotion que me suscite le mouvement lent chez Klempi, je ne l'ai pas retrouvée chez Norri, en raison peut-être du tempo plutôt allant qu'il a adopté.
Je surtout retenu de ce concert deux choses :
1- la prestation magistrale d'Angelich dans le Brahms (sans parler de ce petit rappel qui m'a valu autant d'émotion que Lupu au Châtelet l'année dernière)
2- l'excellente tenue de Stuttgart, dont la sonorité générale m'a vraiment impressionné et qui, parmi les derniers orchestres "de radio" que j'ai entendus récemment (celui de Berlin, celui de Cologne, le philar) fait pour moi partie des très grands.
Guillaume.
Il y a actuellement 1 utilisateur(s) naviguant sur cette discussion. (0 utilisateur(s) et 1 invité(s))