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Discussion: Un "débunkage"

  1. #1
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    Un "débunkage"

    Stéphane Blet oppose versions encensées et versions moins encensées de divers morceaux. Je n'ai écouté que le premier exemple, qui me semble convaincant :
    https://lbry.tv/@erfm:4/MUSIQUES_EN_...OVEMBRE_2020:c

  2. #2
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    J’ai écouté les trois premiers extraits.

    Bon d’abord, Blet enfonce un peu les portes ouvertes ; il n’est pas vraiment nouveau que la presse spécialisée soit influencée par des amitiés ou des intérêts ; en revanche je pense qu’il est un peu abusif de généraliser. Mais bon... je suis peut-être un incurable optimiste.

    Premier extrait : « Liebeslied » ( !) de Kreisler ; c’est Liebesleid, souffrance d’amour et non chanson d’amour. Bon... passons... Première version, Ivry Gitlis et Katia Buniatishvili, dont il nous dit qu’elle montre beaucoup sa poitrine. J’aurais dit son décolleté, tout de même, et aussi, à mes oreilles contaminées par la presse vendue, quelques qualités musicales de temps à autre. Rien sur Gitlis. Effectivement, une catastrophe, Gitlis joue épouvantablement faux. Ce n’est pas une question d’interprétation, c’est que c’est faux. Gitlis a 98 ans, 95, je crois, quand il a enregistré ça. Il n’aurait pas dû, mais peut-être Blet aurait-il pu le signaler ? La deuxième version est bien mieux, c’est juste, déjà. On ne connaîtra pas la pianiste, mais la violoniste (dont je n'ai pas retenu le nom, j'ai cru entendre Erdogan) est une amie de Blet (ce qu’il a l’honnêteté de signaler). Mais ce n’est pas du copinage, non, non ! Bon on aurait pu, peut-être, écouter pour la compaer une autre star du violon (pas du piano), Heifetz, par exemple ? au hasard... ; en tout cas quelqu'un dans la force de son art et non pas un vieillard.

    Deuxième extrait, une valse de Chopin. Première version, Arrau ; adulé par Diapason, « journal de gauche ( ???) proche des milieux LGBT ( ???). Quels comptes Blet a-t-il à régler ? qu’est-ce que le fait d’être, ou de ne pas être, de gauche ou proche des milieux LGBT a à voir avec le fait d’aimer Arrau, qui n’a pas attendu Diapason pour être perçu comme un immense pianiste. Disclaimer (je peux bien utiliser un anglicisme, puisqu’on parle de « debunkage ») : Arrau est un de mes pianistes préférés depuis près d’un demi-siècle dans l’immense majorité de ce qu’il a enregistré de Beethoven, de Debussy, de Schumann, de Brahms et les nocturnes de Chopin. En tout cas jusqu’aux années 70. Ce n’est pas un de mes amis et je ne suis pas moi-même Arrau. Deuxième version, en toute simplicité, Blet lui-même. Et il prétend faire mieux ? c’est trop rapide, pas assez legato, ça part dans tous les sens, le son est sec. Arrau est très nettement mieux. Ce n’est pas non plus mon idéal pour une valse de Chopin, si je peux me permettre d’avoir une opinion sur ces oeuvres, les nocturnes lui vont bien mieux (il n’y a personne à qui ils aillent mieux, je trouve), mais enfin il joue mieux que Blet, qui devrait exercer son oreille. Mais enfin ce n’était en aucun cas du copinage.

    Troisième extrait, le 1er concerto de Tchaikovsky. Première version, Kissine et Karajan. Bon alors évidemment... j’ai toujours détesté Karajan dirigeant Tchaikovsky (je n’ai aucun avis sur Kissine dans quoi que ce soit), au point que, n’ayant entendu longtemps Tchaikovsky que par Karajan, je croyais que je détestais Tchiakovsky. En concurrence avec Byron Janis est le LSO dirigé par Menges. Version méconnue, dit-il ; il devrait lire Diapason, qui recommande régulièrement cette version comme référence. En tout cas, il suffit de quelques mesures pour entendre que c’est meilleur que K und K, comme disait l’autre. Je reconnais à Blet le fait de montrer que Karajan n’est pas forcément la meilleure version de tout. Je ne suis pas sûr qu’on l’ait attendu pour le savoir, et je ne sais pas si quelqu’un qui ne le sais pas déjà aura écouté la conférence de Blet.

    Et tout cela enrobé dans le discours usuel sur le fait qu’il n’y a pas besoin de s’y connaître pour apprécier et juger et patati et patata. Qu’il ne faille pas se laisser intimider par le jargon est une chose. Qu’il n’y ait pas besoin de « s’y connaître » pour aimer, heureusement. Pour entendre que telle version est meilleure que telle autre (à partir du moment où ce n’est pas aussi horriblement faux que Liebesleid par le malheureux Gitlis), pardon, mais j’ai des doutes.

    Le nom de Stéphane Blet m’était vaguement familier, mais je n’aurais pas su dire s’il était musicien, acteur, journaliste ou que sais-je. Je sais maintenant qu’il est puant.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  3. #3
    Exclu
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    Comme je l'ai dit, je n'ai écouté que la première comparaison (qui m'a semblé convaincante). J'ai préféré vous laisser faire le travail.

  4. #4
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Je suis d'accord avec vous, la première comparaison est convaincante, mais sa présentation n'est pas honnête, il persifle sur les tenues de Buniatishvili alors qu'il s'agit d'une oeuvre pour violon et ne précise pas que le violoniste était déjà extrêmement âgé. On trouve sur youtube une vidéo dont le son ressemble beaucoup. Etait-ce un concert d'hommage à Gitlis?
    Mais pourquoi, à tenue de la pianiste égale, et pour cause, n'a-t-il pas choisi cette version, avec un violoniste aujourd'hui bien plus encensé par les critiques LGBT de gauche que Gitlis? Et puis une fois encore, quand on veut donner des leçons aux critiques musicaux, on ne nomme pas de travers la pièce qu'on commente. Bref

    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  5. #5
    - Avatar de mah70
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    Bonjour.
    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Première version, Arrau ; adulé par Diapason, « journal de gauche ( ???) proche des milieux LGBT ( ???). Quels comptes Blet a-t-il à régler ?
    Dans mon souvenir, des critiques de Diapason avaient dit à l'antenne de France-Musique à propos de je ne sais plus qui : "Il n'a tout simplement pas la technique pour jouer ce répertoire, on n'a plus entendu un naufrage comme ça depuis Stéphane Blet". Je n'ai pas retrouvé la critique de Diapason à la sortie du premier CD de Blet (Liszt chez Philips) mais Répertoire écrivait effectivement : "Comment peut-on aborder la Sonate de Liszt sans une maîtrise absolue de sa technique? (...) Des pierres mal posées et l'édifice vacille. Là, il s'écroule. Les meilleures intentions se perdent." Et, plus loin: "La Mephisto-Waltz sent l'effort quand la virtuosité devrait la transcender." Verdict : 4/10. On comprend que Blet ait une dent contre les critiques. C'est quoi, l'antonyme de "copinage"?
    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Le nom de Stéphane Blet m’était vaguement familier, mais je n’aurais pas su dire s’il était musicien, acteur, journaliste ou que sais-je. Je sais maintenant qu’il est puant.
    Bien vu. Sa fiche Wikipédia (l'arbitre ultime de la Vérité) précise :
    "Gaël Brustier révèle en 2017 qu'il est proche d'Alain Soral « l’un des conférenciers engagés dans la dénonciation de l’influence maçonnique. Il se livre à un exercice assez commun depuis deux siècles d’antimaçonnisme : le témoignage d’un ex-initié. En un mois, sa conférence a été visionnée 77 000 sur YouTube au cours du seul mois d’août. Stéphane Blet a réalisé un autre entretien de « repenti » visionné plus de 260 000 fois ». Il apparaît dans La France maçonnique, film réalisé par Paul-Éric Blanrue et Julien Teil, en compagnie de Dieudonné, de Jean-Yves Le Gallou, d'Emmanuel Ratier et de Pierre Hillard.
    Stéphane Blet est condamné en 2017 à 5000 € d'amende pour provocation à la haine et injure raciale."

    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  6. #6
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    ah! ohhhh...
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  7. #7
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    Après une lecture aussi instructive, je me dispenserai d'écouter (il y a une fort aimable musique sur France-Musique en ce moment même).

    D'accord avec Lebewohl sur HVK dans Tchaikovsky; une exception cependant: l'ouverture 1812, mais il reçoit le renfort de choeurs russes, avec un soliste qui vaut le détour à lui tout seul.
    Donc, merci à vous de m'avoir évité de perdre mon temps. J'y vois même une forme d'abnégation de votre part...

  8. #8
    En attente de confirmation
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    Citation Envoyé par JEFF Voir le message
    (il y a une fort aimable musique sur France-Musique en ce moment même)
    A 11h17, c'est l'émission de Denisa Kerschova. Sa seule voix, son intonation douce et son délicieux accent sont en eux-mêmes une musique.

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