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Discussion: Gerald Finzi

  1. #1
    Membre Avatar de Jacques
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    Gerald Finzi


    C'était il y a plusieurs années, dans un magasin de disques lausannois, et c'était la période des soldes. Tout au fond d'un immense bac rempli de disques de toutes sortes, la plupart sans grand intérêt mais tous bradés à 10 francs suisses, voilà que je tombe sur ceci, un double album qui m'a immédiatement frappé par la beauté de l'image et des mots anglais qui y figuraient, tirés d'un vers de Thomas Hardy :



    J'achète donc ce double album sans hésiter (j'aime ce genre de découvertes ), et sitôt rentré à la maison commence pour moi une passion qui n'a jamais cessé depuis .

    Gerald Finzi (1901-1956), dont j'ai déjà dit sur le fil Walton qu'il était un musicien discret, sensible et très cultivé, que ses intérêts extra-musicaux allaient de la poésie de Thomas Hardy à la préservation de variétés rares de pommes cultivées en Angleterre et qu'il se rattachait sans aucun doute à ce courant pastoral évoqué par Gilles, n'est probablement pas le plus grand des compositeurs britanniques. Plutôt conservateur quant à l'harmonie (mais son style est très reconnaissable, à tel point que Herbert Howells a même composé à sa mémoire une pièce pour piano intitulée "Finzi's Rest", qui est une sorte de "à la manière de"), il a relativement peu composé (beaucoup de songs quand même, quelques concertos, notamment pour clarinette et pour violoncelle, et pas mal de pièces chorales avec ou sans solistes, avec ou sans orchestre).

    Mais Finzi, par une de ces sympathies personnelles que nous avons tous pour tel ou tel compositeur, même s'il n'est ni le plus grand, ni le plus connu, fait vraiment partie de mon "jardin secret".

    Grâce à Chandos, Naxos, Hyperion, Lyrita et quelques autres labels, je crois avoir maintenant à peu près tout de lui. Je reviens toutefois sans cesse à ce premier album de songs (comme c'est souvent le cas quand on a découvert un compositeur au travers d'un enregistrement bien précis), les cycles "Earth and Air and Rain" (baryton), "Till Earth Outwears" (ténor), "I Said to Love" (baryton), "A Young Man's Exhortation" (ténor) et "Before and After Summer" (baryton) avec le ténor Martyn Hill, le baryton Stephen Varcoe et le pianiste Clifford Benson.

    J'ajoute que j'ai été littéralement "transporté au septième ciel" quand j'ai vu Tahar signaler une fois sur le défunt forum des Abeilles une thèse américaine sur trois de ces cycles (thèse que j'ai aussitôt téléchargée) . Et je suis aujourd'hui très touché quand je vois sur YouTube un jeune amateur américain chanter du Finzi, certes imparfaitement mais avec beaucoup de coeur :






    Voilà pour le moment ... Mais selon les remarques qui pourraient suivre, j'en aurais sans doute bien davantage à dire.

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 25/05/2008 à 17h22.

  2. #2
    Membre Avatar de Jacques
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    Re : Gerald Finzi

    Puisque je l'ai signalée, je voulais juste préciser que la pièce pour piano composée par Herbert Howells à la mémoire de Finzi date de 1961, et qu'elle s'intitule très précisément "Finzi's Rest - For Gerald, on the morrow of the 27th September, 1956". On la trouve sur un CD Hyperion enregistré en 1993 par John McCabe et réunissant, de Howells, les cycles pour piano intitulés "Lambert's Clavichord" (1927) et "Howells' Clavichord, Book I (1941) and Book II (1961)".

    Le 27 septembre 1956 est la date de la mort de Gerald Finzi, qui mourut à l'hôpital emporté par une grave maladie après avoir eu quand même la possibilité d'entendre, retransmis par la radio, son Concerto pour violoncelle qui venait d'être créé.

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 25/05/2008 à 17h13.

  3. #3
    Administrateur Avatar de Philippe
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    Re : Gerald Finzi

    Bonjour Jacques, et merci de nous faire partager cette passion que vous éprouvez, - et vous n'êtes pas le seul, pour ces musiciens qui nous enthousiasment tels Walton, Bax ou Finzi.

    J'ai découvert ce dernier grâce à... Kenneth Leighton ! j'avais découvert les oeuvres de chambre de Leighton par le quatuor d'Edinburg et, souhaitant mieux connaître je m'étais procuré Veris gratia, pour hautbois, violoncelle et orchestre, - auquel est couplé le concerto pour violoncelle de Finzi. J'ai totalement et immédiatement "accroché" à cette oeuvre d'un lyrisme qui emporte tout sur son passage et où l'émotion est palpable à tous instants

    Je connais aussi de Finzi le double album de lieds que vous mentionnez au #1, ainsi qu'un autre cycle chez Naxos ; c'est splendide, évidemment, mais j'y suis un peu moins sensible vu que, c'est toujours pareil, comme je ne comprends pas la langue j'ai toujours l'impression de passer à travers de quelque chose d'important...

    Sinon ben... je suis ce fil avec attention, comme d'hab
    Sans doute m'appoportera-t-il, - comme tant d'autres, son lot de découvertes à effectuer, d'oeuvres magnifiques à continuer d'explorer...





    Phil

  4. #4
    Membre Avatar de Jacques
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    Re : Gerald Finzi

    Bonsoir Philippe ,

    Il m'arrive souvent de sortir du sujet d'un fil (cf. ce que j'ai raconté sur celui consacré aux sonates pour piano de Prokofiev ). Je dirai quand même qu'après avoir vu que vous citiez Kenneth Leighton, puis écouté (sur Amazon) divers extraits d'oeuvres de ce compositeur que je connais encore très mal, j'ai vraiment envie de mieux le découvrir. Car ça m'a paru absolument magnifique . Je voudrais pouvoir vivre cent ans, tant j'ai encore de choses à apprendre ! Merci en tout cas de l'avoir mentionné .

    Cela dit, il est vrai qu'on passe à travers quelque chose d'important quand on écoute une oeuvre chantée sans bien comprendre la langue, surtout si c'est un beau poème qui a été mis en musique. S'agissant de ces songs de Finzi, j'ai pour ma part la chance d'assez bien comprendre l'anglais. Sans quoi j'aurais été totalement perdu avec cet album Hyperion, puisque le livret qui s'y rattache est exclusivement rédigé dans cette langue (en outre, tous les poèmes chantés sont reproduits, mais bien sûr sans traduction).

    Ce qui m'amène à faire une petite réflexion... On dirait parfois que les Britanniques, s'agissant en tout cas de certaines de leurs musiques, "jettent l'éponge" d'avance en pensant qu'elles ne plairont pas ou seront peu comprises en dehors de leur "monde". Je sais, maintenant les choses changent, et c'est très heureux. Mais Vaughan Williams lui-même semble avoir une fois déclaré, à quelqu'un qui lui demandait s'il ne souffrait pas de voir que sa musique demeurait encore si "insulaire", que cela ne le préoccupait pas beaucoup car il pensait qu'elle devait d'abord et avant tout être comprise et aimée des gens de sa communauté. Et il ne m'étonnerait pas que Finzi ait été du même avis... Contrairement bien sûr à des compositeurs comme Walton, Britten ou Tippett.

    Cordialement,

    Jacques

  5. #5
    Membre Avatar de thierry h
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    Re : Gerald Finzi

    Bonsoir Jacques!

    Merci à vous pour toutes ces précisions! Sans vouloir précipiter le mouvement et considérant que je ne connais absolument pas Finzi, pourriez vous nous donner quelques pistes d'écoutes pour découvrir son oeuvre ? ( je suis pas un furieux du chant donc les Songs peuvent attendre.... )

    merci!

    thierry

  6. #6
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    Re : Gerald Finzi

    Citation Envoyé par thierry h Voir le message
    Bonsoir Jacques!

    Merci à vous pour toutes ces précisions! Sans vouloir précipiter le mouvement et considérant que je ne connais absolument pas Finzi, pourriez vous nous donner quelques pistes d'écoutes pour découvrir son oeuvre ? ( je suis pas un furieux du chant donc les Songs peuvent attendre.... )

    merci!

    thierry

    pour le ssongs, vous devriez aller les écouter un jour interprétées par Simon keenlyside. çà vaut le coup.

  7. #7
    Membre Avatar de Tahar Mouslim
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    Re : Gerald Finzi

    Citation Envoyé par sophie Voir le message
    pour le songs, vous devriez aller les écouter un jour interprétées par Simon keenlyside. çà vaut le coup.

    Tout à fait d'accord avec ce point de vue. Mais - plus encore que Simon Keenlyside, le grand interprète, au disque comme au concert, des cycles de songs de Gerald Finzi, c'est Roderick Williams.

    Un coup d'oeil sur le site de Naxos et l'écoute de BBC 3 permettent de savoir quand ce superbe baryton, qui est aussi compositeur, se produit, souvent avec son complice le musicologue et pianiste - accompagnateur Aian Burnside.

    Dans une vie ancienne, j'avais effectivement fourni un lien avec une thèse remarquablement écrite sur les songs de Gerald Finzi, et j'ai parlé sur ces forums il y a 2 mois des deux superbes concertos (celui pour violoncelle étant interprèté par un jeune Yo Yo Ma déchaîné dans un disque Lyrita).

    A signaler qu'une des futures grandes interprètes de musique anglaise, la jeune soprano Anne-Carolyn Bird (qui a déjà 4 rôles d'opéras e Ben Britten à son répertoire, et qui a donné quelques récitals enthousiasmants de songs l'an dernier) a donné samedi à Atlanta un concert roboratif autour du thème "A Evening of Musical Shakespeare", qui mêlait Berlioz, Cole Porter, Mendelssohn, Sullivan, et qui avait pour point d'orgue les 2 suites de "The Tempest" de Sibelius dirigées par....Nicholas McGegan !!!!

    Un McGegan dont je n'attendais rien dans un répertoire aussi varié, et qui m'a franchement passionné.

    Tout cela n'était qu'une incidente pour signaler le nom d'Anne-Carolyn Bird pour les années à venir, en général, et dans la musique anglaise en particulier.

    A signaler - pour ceux qui parlent anglais et qui s'intéressent au chant en général - le blog passionnant d'Anne-Carolyn Bird sur sa vie d'étudiante et de chanteuse: à première vue, on s'éloigne de Finzi, mais pas tant que cela quand même:

    ici

  8. #8
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    Re : Gerald Finzi

    Non Thierry, les songs de Finzi ne peuvent pas attendre !
    Commence par "I Said to Love" et "A Young Man's Exhortation" chantés par Roderick Williams pour le premier cd et par John Mark Ainsley pour le second. C'est chez Naxos, donc pour des prunes et c'est splendide
    Dominique

  9. #9
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    Re : Gerald Finzi

    Thierry , je crois que Sophie, Dominique et surtout Tahar ont déjà donné sur ce qu'il convient d'écouter de Finzi, si on souhaite le découvrir, beaucoup de choses qui m'épargnent d'être spécialement long. Il est vrai que Finzi excellait surtout en matière de songs, de sorte qu'on ne peut s'empêcher de les mentionner quand on parle de lui. Dans ce domaine, même si ce n'est pas pour vous prioritaire, vous trouverez chez Naxos d'excellentes choses pour pas cher. L'album Hyperion est quant à lui peut-être un peu "dépassé" aujourd'hui, et il est assez coûteux, même si j'y reviens constamment. A cet sujet, je me suis risqué il y a trois ou quatre ans à mettre en anglais un petit commentaire sur un forum lié à un site consacré à Finzi (http://www.geraldfinzi.org/), forum qui semble ne plus exister aujourd'hui, et j'avais été ravi de voir un spécialiste anglais me répondre avec beaucoup de courtoisie qu'il en faisait de même. Par ailleurs, j'admire énormément le baryton anglais Stephen Varcoe (qui m'épate même quand il chante, dans un français impeccable, le cycle "Mirages" de Gabriel Faur&#233, et j'aime découvrir sur le site de la Ralph Vaughan Williams Society des images comme celle-ci (car c'est "tout un monde") :





    Cela dit, en ce qui concerne le Concerto pour clarinette de Finzi (avec ses belles couleurs automnales) et son magnifique Concerto pour violoncelle, vous pouvez vous procurer sans hésiter le disque Lyrita auquel Tahar a consacré un fil en avril dernier sous la rubrique "Discothèque". Vous ne le regretterez pas .

    Chez Naxos, vous trouverez aussi d'excellentes choses pour orchestre. Dans leurs fantastiques séries consacrées aux compositeurs britanniques, et notamment à Finzi, le Concerto pour clarinette y est couplé avec des oeuvres comme Five Bagatelles, Three Soliloquies from "Love's Labours Lost", Severn Rhapsody, Romance, et Introit; et le Concerto pour violoncelle avec Grand Fantasia and Toccata for piano and orchestra, et Eclogue for piano and strings.

    Pour d'autres oeuvres, notamment les grandes compositions d'inspiration religieuse avec choeur et/ou soliste(s) comme Dies Natalis ou Intimations of Immortality, il y a aussi de bons disques Naxos, ainsi que des enregistrements Hyperion ou Conifer (s'agissant de ce dernier label, je viens de redécouvrir un étonnant enregistrement fait en 1997 par Vernon Handley et le Bournemouth Symphony Orchestra, où il y a notamment, en plus de Dies Natalis, la version avec orchestre du cycle "Let Us Garlands Bring" d'après Shakespeare, et Interlude for oboe and strings Op. 21).

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 26/05/2008 à 18h39.

  10. #10
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    Re : Gerald Finzi

    Bonsoir, je viens d'écouter le cycle Earth and Air and Rain, sur le SM de Newhope (merci!) et j'aime beaucoup.
    Je trouve cela assez proche des Songs of Travel de RVW que j'ai étudiées de près récemment, et je me demandais, plus généralement, à quoi tient le fait que dés les premières notes, cela sonne anglais ?
    Est-ce seulement le côté modal et un peu folklorique ?

  11. #11
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    Re : Gerald Finzi

    A propos du récent disque Naxos contenant notamment le cycle "Earth and Air and Rain", avec l'excellent baryton Roderick Williams, voici le bel éloge qu'en fait le critique anglais Gwyn Parry-Jones, au terme d'un long article paru sur MusicWeb International :

    "(...) Roderick Williams’ voice is perfect for this music. It is a classic English baritone, with a firm lower register and a bright, clear top. Sometimes, I could wish he would ‘let rip’ a little more – perhaps the climax of The Clock of the Years could be more shattering. Yet he uses this fine, supple instrument with striking musical intelligence. If I still narrowly prefer Stephen Varcoe in the more reflective of these songs, it is only because he has an almost unnaturally beautiful voice, which can do things that most baritones can only dream of; his Lizbie Browne is incomparable, for example. Varcoe’s Hyperion recordings made in 1984 are classics (CDA66161/2). Williams and Burnside however offer a splendid and completely acceptable alternative. More please!"

    Pas si "dépassé" que ça, donc, ce Stephen Varcoe dont ce critique remarque qu'il "a une voix presque anormalement belle, qui peut faire des choses dont la plupart des barytons ne peuvent que rêver", ajoutant que "sa Lizbie Browne, par exemple, est incomparable" (c'est le septième song du cycle) . En fait, c'est exactement ce que je pense... Voilà pourquoi, moi, je continue à préférer Varcoe... Et de très loin, même ...

    Cela dit, Chiarina, votre impression me paraît juste. Et la parenté avec cette oeuvre de Vaughan Williams que vous avez étudiée récemment de près est pour moi évidente. Il est vrai aussi que cela sonne anglais dès les premières notes, en raison de ce "côté modal et un peu folklorique" que vous percevez. Mais est-ce seulement cela ? J'avoue avoir de la peine à vous répondre... D'autres le feront peut-être à ma place .

    Jacques

  12. #12
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    Ayant constaté avec satisfaction que de nouvelles vidéos consacrées à la musique de Gerald Finzi étaient apparues sur YouTube, je me permets de faire remonter ce très vieux fil pour en présenter deux .

    La première montre la seconde partie de In Terra Pax, une oeuvre pour orchestre, choeur et solistes vocaux assez rarement jouée, interprétée de façon inattendue en Allemagne par la Mainphilharmonie Würzburg et le Monteverdi Chor, dirigés par Matthias Beckert (les noms des deux solistes qui se succèdent ne sont pas indiqués) :



    La seconde, avec sur l'écran une seule image fixe, une beau paysage ancien, permet d'entendre la Romance pour cordes op. 11 interprétée par le Philharmonia Orchestra dirigé par Christopher Warren-Green (une pièce typique du pastoralisme doux et mélancolique qui caractérise presque toute l'oeuvre de ce compositeur discret, très cultivé, profondément anglais dans l'âme, bien que d'origine italienne, et grand ami de Vaughan Williams ----- un jour il lui donna même un chat, auquel RVW devint très attaché et qui apparaît sur certaines photos de ce dernier, prises vers la fin de sa vie ) :



    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 14/03/2009 à 20h28.

  13. #13
    En attente de confirmation
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    Cette Romance est un pur délice (L'Et in terra pax, j'aime moins). Apparentée à d'autres pièces similaires de Delius ou du déjà cité Vaughan-Williams, ou d'autres encore. Pour certains, il est de bon ton de trouver cela mièvre, sirupeux, j'ai même vu une fois (dans une revue dont je ne citerai pas le nom, n'insistez pas !), 'nauséeux'. C'est sans pareil, c'est british dans l'âme (je sens venir : "Ca se définit comment, l'âme british ?" - on peut essayer, ce serait intéressant, mais pas si simple ...), cela me fait oublier bien des tensions et des soucis, cela m'emmène dans des endroits où je me sens bien ... Je ne connais pas assez Finzi. Je vais m'y mettre plus.

    (Bon, ça va comme ça, je vais pas vous raconter ma vie ...! NB : McGegan, oui, surprenant ! Quant à Varcoe, qu'on a surtout connu dans le baroque anglais, c'est du même ordre. Et ça marche ! Mais qui eût attendu Harnoncourt dans Mahler, et Villazon dans Monteverdi ?)

  14. #14
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    Citation Envoyé par The Fierce Rabbit Voir le message
    Cette Romance est un pur délice (L'Et in terra pax, j'aime moins). Apparentée à d'autres pièces similaires de Delius ou du déjà cité Vaughan-Williams, ou d'autres encore. Pour certains, il est de bon ton de trouver cela mièvre, sirupeux, j'ai même vu une fois (dans une revue dont je ne citerai pas le nom, n'insistez pas !), 'nauséeux'. C'est sans pareil, c'est british dans l'âme (je sens venir : "Ca se définit comment, l'âme british ?" - on peut essayer, ce serait intéressant, mais pas si simple ...), cela me fait oublier bien des tensions et des soucis, cela m'emmène dans des endroits où je me sens bien ... Je ne connais pas assez Finzi. Je vais m'y mettre plus.

    (Bon, ça va comme ça, je vais pas vous raconter ma vie ...! NB : McGegan, oui, surprenant ! Quant à Varcoe, qu'on a surtout connu dans le baroque anglais, c'est du même ordre. Et ça marche ! Mais qui eût attendu Harnoncourt dans Mahler, et Villazon dans Monteverdi ?)
    Bonsoir The Fierce Rabbit . Et merci infiniment pour ces réflexions, qui me touchent et sont vraiment les bienvenues.

    J'aurais pour ma part beaucoup de peine à définir "l'âme british" ()... Je constate seulement que ce qui lui correspond fait souvent vibrer chez moi une corde sensible, sans trop savoir pourquoi ni d'ailleurs me poser la question. Même quand elle est très éloignée du pastoralisme (je pense en cela à Britten, à Walton et à plusieurs autres). Et cela n'a absolument rien à voir avec un "effet de mode". Car je sais qu'après avoir été longtemps ignoré dans le reste du monde (voire méprisé - cf. l'opinion sur Finzi que vous avez trouvée dans une revue -, à l'exception toutefois des autres pays de culture anglo-saxone), l'apport musical britannique récent est assez apprécié de nos jours, et il est même très bien vu de s'y intéresser de près et d'en souligner les mérites.

    Cela dit, comme je viens de retrouver deux photos en rapport avec ce que j'ai dit dans mon précédent post, je les montre ci-dessous. Elles sont malheureusement minuscules et celle de gauche est extrêmement floue. La première montre Gerald Finzi en 1949, le jour de la "première" de son Concerto pour clarinette; il est avec ses deux fils, Nigel (13 ans) et Christopher (15 ans), et on distingue à gauche leur ami Ralph Vaughan Williams. Sur l'autre on voit ce dernier tenant dans ses bras le chat qu'il avait reçu de la famille Finzi.




    Deux vidéos encore, l'une (hélas tronquée) avec le mouvement lent du Concerto pour clarinette, l'autre avec une pièce intitulée Eclogue for Piano and Strings, qui sauf erreur devait être le mouvement lent d'un concerto pour piano que Finzi avait envisagé de composer dans sa jeunesse mais qu'il n'a jamais achevé.

    [/url]

    [/url]


    Jacques

  15. #15
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    Je reviens "à pas feutrés" () sur ce fil pour signaler deux choses ...

    La première, c'est la réédition toute récente par le label Hyperion, dans sa série "dyad" [deux disques pour le prix d'un], du plus beau de tous les enregistrements que je connais (y compris, je le souligne, ceux parus chez Naxos) des cinq cycles de mélodies composées par Gerald Finzi sur des poèmes de Thomas Hardy :



    Pour moi, c'est tout simplement une version "d'île déserte" . Alors, avis aux amateurs !


    La deuxième chose est plus insolite, car elle concerne une petite découverte que j'ai faite récemment mais sans trop savoir où en faire état. Ne voulant pas ouvrir un fil spécial à son sujet, je prends donc le risque de l'évoquer ici.

    Le patronyme Finzi est celui d'une ancienne famille juive italienne, et c'est d'Italie que venait le père de Gerald quand, au XIXème siècle, il se fixa en Angleterre. Or, ma surprise a été de découvrir, grâce au disque montré ci-dessous, l'existence d'un autre compositeur portant ce nom mais prénommé Aldo. La branche familiale à laquelle il appartenait étant quant à elle restée en Italie, dans la région de Milan, Aldo Finzi [1897-1945] connut une fin de vie absolument tragique et misérable : contraint de composer sous un faux nom dès 1938 (époque où le régime fasciste était devenu officiellement antisémite), il mourut littéralement épuisé par les humiliations, les privations et les souffrances qu'il avait endurées par la suite.



    Les oeuvres de chambre réunies sur ce disque (une Sonate pour violon et piano, un Quatuor à cordes, cinq Liriche per Soprano e pianoforte et une Pavane pour piano seul) évoquent évidemment bien davantage l'art de Respighi, de Malipiero et de Casella que celui de Gerald Finzi, lointain parent - devenu anglais - du compositeur. C'est un tout autre univers. Mais il me touche beaucoup aussi.

    Les cinq mélodies, en particulier, sont vraiment très belles.


    Jacques

  16. #16
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    Citation Envoyé par Jacques Voir le message
    Pour d'autres oeuvres, notamment les grandes compositions d'inspiration religieuse avec choeur et/ou soliste(s) comme Dies Natalis ou Intimations of Immortality...
    Je viens d'écouter le disque Hyperion avec ces deux œuvres, qui prenait la poussière depuis quelques années sur mes étagères.
    Pourquoi avoir attendu autant de temps?
    Je suis ébloui et profondément ému par cette musique. Il y a des passages (les premières mesures des Intimations...) qui m'ont paru sublimes.
    Au fait, plus prosaïquement, comment traduiriez-vous ce titre?

  17. #17
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Pas facile... ce que je trouve de plus convaincant en fouillant sur la toile (je ne trouvais pas mieux ou moins pire que "suggestions d'immortalité") c'est "intuitions de l'immortalité".

    La plupart des pages gardent le titre anglais! J'ai quelque part des anthologies de poésie anglaise, je regarderai ; mais elles sont inaccessibles pour l'instant.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  18. #18
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    Quelle excellente idée a eue Gustave d'écouter ces oeuvres splendides, que trop peu d'auditeurs connaissent (en dehors, bien sûr, des pays de langue anglaise) ! J'espère que son message encouragera d'autres membres du forum à en faire de même .

    Je possède pour ma part deux versions d'Intimations of Immortality et trois de Dies Natalis, dont celle du regretté Vernon Handley sur un disque Conifer Classics très difficile à trouver aujourd'hui (avec comme compléments, notamment, Farewell to Arms, Two Sonnets [sur des vers de Milton] et Let us Garlands Bring [sur des vers de Shakespeare]) :





    L'enregistrement Hypérion est sans doute prioritaire .

    Mais ceux du label Naxos, accessibles à petits prix, sont à mon avis très bons aussi.

    Jacques

  19. #19
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    Merci à Lebewohl et à Jacques pour ces compléments d'information.

  20. #20
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    A toutes fins utiles, je me permets de reproduire encore quelques données concernant Dies Natalis et Intimations of Immortality. Elles sont tirées de la brochure jointe au disque de Vernon Handley (qui comporte un texte en français) et de celle accompagnant l'un des albums Naxos (comme le français y est totalement absent, il s'agit d'une traduction libre - et maladroite - de l'anglais) .

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    "(...) La musique de Finzi a sa source dans la tradition d'Elgar et de Vaughan Williams, son ami de toujours. La mélodie et l'écriture vocale constituaient une partie importante de son art, et ses mises en musique, le plus souvent de son poète favori Thomas Hardy, ainsi que des auteurs de la grande floraison de la prose et de la poésie anglaise aux seizième et dix-septième siècles, semblent immanquablement refléter l'essence de la pensée du poète. L'esprit énergique de Finzi embrassait cependant bien davantage que ses compositions : lecteur insatiable, il amassa une bibliothèque de plus de trois mille volumes; ce fut un ardent champion de compositeurs méconnus tels que Ivor Gurney et Hubert Parry; et il fonda un excellent orchestre amateur, les Newbury String Players. Enfin, chose non moins importante, il sauva de l'extinction dans son verger plusieurs espèces de pommes anglaises traditionnelles.

    Finzi avait l'habitude de composer ses oeuvres lentement, sur plusieurs annnées. Dies Natalis, par exemple, commencée dans les années vingt, ne fut terminée qu'en 1939. Ecrite à l'origine pour soprano et cordes, elle fut créée en 1940 par Elsie Suddaby, et Joan Cross en fut la soliste du premier enregistrement à la fin des années 1940. La partie soliste a été depuis preque exclusivement associée à la voix de ténor, et cet enregistrement par Rebecca Evans est le premier par une soprano depuis près d'un demi-siècle. Le texte est d'un des auteurs du dix-septième siècle favoris de Finzi, le poète métaphysique anglican Thomas Traherne (1637 env. - 1674). L'attrait que présentait Traherne pour Finzi était sa vision pure du monde tel que le perçoit un nouveau-né. (...)"

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    "(...) L'origine de la mise en musique par Finzi de l'ode de William Wordsworth (1770-1850) intitulée Intimations of Immortality, tirée du recueil "Recollections of Early Childhood", remonte à ses années de formation. L'enfance du compositeur ne fut pas heureuse : dernier de cinq enfants, le seul à manifester une réelle sensibilité artistique, il se sentait égaré dans une famille qui ne le comprenait pas. Sa solitude lui fit rechercher la compagnie des livres, d'où la connaissance quasi encyclopédique qu'il acquit par la suite de la poésie et de la littérature anglaise. Cette époque, aussi, fut pour lui hantée par la mort : alors qu'il n'avait encore que dix-sept ans, aussi bien son père que ses frères avaient déjà quitté ce monde, de même que son premier et vénéré professeur de composition, Ernest Farrar, tué sur le Front de l'ouest (Première Guerre mondiale).

    L'influence qu'eurent les jeunes années de Finzi sur sa personnalité et sa sensibilité d'artiste se manifesta sur trois plans. Premièrement, il tira de ses connaissances littéraires, qui étaient exceptionnellement vastes, un goût très sûr dans le choix des poèmes qu'il mettait en musique, faisant correspondre celle-ci au texte de manière particulièrement sensible et intime. En outre, il avait de la fragilité de l'existence humaine un sens très aigu, qui trouva sa pleine expression musicale dans ses adaptations de poèmes de Thomas Hardy, lesquels reflètent souvent une préoccupation semblable. Il était enfin convaincu que, pour beaucoup, les réalités de la vie d'adulte altèrent irrémédiablement la fraîcheur instinctive de l'enfance. Il n'est dès lors guère surprenant que l'ode de Wordsworth trouva chez Finzi une "résonance" toute spéciale, dans la mesure où ce texte déplore non seulement la fin de l'enfance et des joies simples qui s'y rattachent, mais aussi tout ce qui sépare cet état initial de "l'âme adulte". Qu'un artiste et, par extension, chaque adulte doive s'efforcer à tout prix de garder vivante sa perception première (et en quelque sorte "pure et naïve") des choses devint pour Finzi un élément essentiel de son "credo" personnel. De telles idées apparaissent de façon saisissante dans ces phrases qu'il prononça lors d'une conférence qu'il donna en 1953 : «We all know that a dead poet lives in many a live stockbroker. Many of these people before they fade into the light of common day, have had an intuitive glimpse which neither age, nor experience, nor knowledge can ever give them».

    Finzi débuta la composition d'Intimations of Immortality vers la fin des années trente et en avait achevé environ un tiers lorsque débuta la Seconde Guerre mondiale, qui interrompit son travail. L'oeuvre ne fut achevée qu'en 1950, année où elle fut créée, sous la direction de Herbert Sumsion, à l'occasion du Three Choirs Festival de Gloucester. (...)"

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    Jacques


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